1 août 1962 - Sortie à pied de l'Escadron à
1 août 1962 - Sortie à pied de l'Escadron à Coligny et à Ain Messaoud
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4 août 1962 - Sortie à pied du 3ème Peloton dans l'oued Kralfoune.
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6 août 1962 - Sortie à pied du 4ème Peloton dans l'oued Kralfoune et à El Anasseur.
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. Août 1962 - Le Chien fidèle de l'escadron : "Eddy"
Collection C. Lacourt
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10 et 11 août 1962 - Sortie en Half-track du 4ème Peloton en reconnaissance de pistes.
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13 aout 1962 - Visite à l'Escadron du Chef d'Escadrons ESTIEU, commandant en Second, commandant provisoirement le 12ème RCA.
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16 août 1962 - Visite du Colonel commandant l'A.B.C. en Algérie accompagné du Colonel KEIM
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18 août 1962 - Sortie des chars pour les pelotons M 24 et à pied pour les pelotons portés.
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20 août 1962 - Sortie à pied pour tous les Pelotons à Dolmaire.
24 août 1962 - Le 2ème peloton en reconnaissance d'itinéraire en zone.
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29 août 1962 - Prise d'Armes des 2ème et 3ème Escadrons sur la base d'aviation d'Aïn-Arnat pour le départ du Général GUILLARD.
1er septembre 1962 - Le 4ème Peloton fait une reconnaissance à pied.
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3 septembre 1962 - le 4ème Peloton est dissous provisoirement par manque d'effectif. Il sera à nouveau opérationnel le 15 septembre.
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8 septembre au 11 septembre 1962 - Exercice de combat et radio sur Half-track.
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14 septembre 1962 - Sortie à pied d'un des pelotons portés au moulin de Kralfoune. D'autre part, Prise d'Armes à la caserne Charles ROUX de Bougie en l'honneur du départ du Colonel KEIM.
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20 septembre 1962 - Un des deux pelotons portés sort à pied jusqu'à Mechta Soummar.
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25 et 28 septembre 1962 - l'Escadron prend possession de bâtiments en dur sur la base d'Aïn-Arnat, un peu au dessous de ceux du 3ème Escadron.
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27 octobre 1962 - Un des deux pelotons portés de l'Escadron reçoit une mission d'escorte de Sétif sur Telergma. Le 30 octobre, il prend le relais d'une escorte du 4ème Escadron tombée en panne près de Telergma.
11 novembre 1962 - Une Prise d'Armes a lieu devant les hangars avec les deux Escadrons présents sur la base d'aviation d'Aïn-Arnat. Prise d'Armes à nouveau le 27 novembre lors du départ du Capitaine GAVIGNET, Commandant le 3ème Escadron.
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31 décembre 1962 - Base d'Aïn-Arnat - Prise d'Armes avec le 3ème Escadron pour les adieux du Général OLLION, ancien commandant de la 19ème D.I. dissoute.
Collection J.F. de Villiers
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Collection J.F. de Villiers
Collection J.F.deVilliers
21 janvier 1963 - Prise d'Armes avec le 3ème Escadron en l'Honneur du Général Commandant la 19ème D.I.
29 janvier 1963 - Prise d'Armes pour le départ du Colonel Pierre BARRAS avec tout le Régiment.
Janvier & Février 1963 - Peloton CA2 à Bougie sur le terrain de l'ALAT, en face de la ferme Oudali, pour quelques Chasseurs de l'Escadron, dont le Brigadier KOYTYKH. Le matériel nécessaire était fourni par le 4ème Escadron.
Collection G. Koytykh
Le Peloton CA2 en exercice sur le pas de tir dans les gorges de l'Adrar-Imoula. Les tirs avaient lieu sur de gros fûts disposés sur les pentes du djebel en face.
Collection G. Koytykh
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Janvier & Février 1963 - Bougie - Terrain de l'ALAT pendant le stage du CA2.
Collection G. Koytykh
Collection G. Koytykh
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4 février 1963 - Départ d'un détachement précurseur aux ordres du S/Lieutenant PEROT à la ferme des Sablons (Philippeville).
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4 mars 1963 - l'Escadron évacue la base d'Aïn-Arnat et fait mouvement vers la ferme des Sablons à Philippeville où il s'installe le lendemain.
Collection M. Zevaco
Collection G. Koytykh
Collection G. Koytykh
Base du mat des Couleurs.
Collection G. Koytykh
Construction du mess des S/Officiers
Collection G. Koytykh
Baraque du 2ème Peloton. Le réfectoire pour le déjeuner d'un dimanche.
Collection G. Koytykh
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Chambrée du 2ème Peloton.
Collection G. Koytykh
10 mars 1963 - Le 3ème Escadron et le 2ème Escadron forment à Philippeville un Groupe d'Escadrons sous le Commandement du Chefs d'Escadrons TEYSSEDOU.
18 mars 1963 - Le Colonel Commandant la 22ème Brigade vient inspecter l'Escadron.
2 avril 1963 - Tirs aux armes individuelles.
7 avril 1963 - Le Lieutenant OLMEN prend le Commandement de l'Escadron.
8 avril 1963 - Tir canon au pas de tir Blandan.
27 avril 1963 - Prise d'Armes à l'occasion de la Saint-Georges et journée de détente.
15 mai 1963 - Une patrouille de jeeps part escorter un convoi.
Mai 1963 - Philippeville - La ferme des Sablons, Camp de l'Escadron - Les S/Lieutenants Patrick de VALLOIS, Claude HENRY et Jean-Pierre BARON.
Collection C. Auboin reproduction interdite
Mai 1963 - Ferme des Sablons à Philippeville - Préparatifs de départ pour Bougie par route - Camp de la Plaine à Bougie - En route pour le défilé du Régiment - Essais de M24 - Prise d'Armes du 11 novembre 1963 - Port de Bougie, embarquement sur la "Bidassoa" - Arrivée à Marseille le 18 novembre 1963.
Collection G. Koytykh reproduction interdite
Le Parc à chars
Collection M Zevaco
Collection M. Zevaco
L'Atelier...
Collection M Zevaco
...dont le mur a été défoncé par un char !
Collection M. Zevaco
Collection M. Zevaco
20 mai 1963 - Séance de tirs pour l'Escadron à Brabtia Koursi.
Collection G. Koytykh
Collection G. Koytykh
Collection G. Koytykh
Collection G. Koytykh
Collection G. Koytykh
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Mai 1963 - Visite des ruines romaines de Timgad avec le S/Lieutenant HENRY
Collection G. KOYTYKH
Collection G. Koytykh
Le MDL KOYTYKH à Timgad.
Collection G. Koytykh
Collection G. Koytykh
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25 mai 1963 - Le peloton du S/Lieutenant HENRY assure la garde du Camp Pehau, PC de la 2ème Division.
24 juin 1963 - Tirs de nuit par l'Escadron.
1er juillet 1963 - Tirs de nuit au PA et au PM.
3 juillet 1963 - Au programme : tirs au PM et au PA de jour et de nuit.
6 juillet 1963 - Tirs aux armes individuelles.
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Eté 1963 - Philippeville - Camp des Sablons
Le Chasseur Robert FREY
Collection R. FREY
le MDL/Chef Maurice ZEVACO
Collection M. Zevaco
Le Chef ZEVACO fait sa lessive.
Collection M. Zevaco
Eté 1963 - mêmes lieux - A gauche, le Chasseur Robert FREY, à droite le Chasseur DAMIANO.
Collection R. Frey
Concours de démontage et remontage d'armes, yeux bandés.
Collection M. Zevaco
Inspection avec l'aumonier du Régiment
Collection M. Zevaco
14 Juillet 1963 - Prise d'Armes du Groupe d'Escadrons de Philippeville sur le terrain d'aviation de Valée.
7 août 1963 - Tirs sous tourelle à Brabtia-Koursi.
9 août 1963 - Tirs de nuit au PA.
12 septembre 1963 - Inspection du Général de MENDITTE, Inspecteur de l'Arme Blindée et de la Cavalerie au 2ème et 3ème Escadrons.
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26 septembre 1963 - Un élément précurseur de l'Escadron quitte Philippeville pour Bougie.
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28 septembre 1963 - Les chars sont mis sur trains pour déplacement de Philippeville vers Bougie en vue du regroupement de l'escadron.
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Octobre 1963 - BOUGIE - Regroupement de l'Escadron avec tout le 12ème R.C.A. au Camp de la Plaine, et préparatifs pour le retour en Métropole.
Famille M. Personne
Famille M. Personne
...Le Chasseur Michel PERSONNE de l'ECS...
Famille M. Personne
Citations et Témoignages de Satisfaction
du S/Lieutenant Guy NOEL
Collection G. Noël
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du MDL Michel MESMOUDI
Collection M. Mesmoudi
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du Chasseur Jean-Pierre GIAMBERINI
du Brigadier Michel PRIOUZEAU
Médaille Militaire
RECITS CONCERNANT L'ESCADRON
Général Gabriel CLAVIÉ, Capitaine commandant l'escadron entre janvier 1959 et mai 1961:
...Je vais essayer de vous faire part de quelques souvenirs de cette période...passionnante de ma carrière militaire...
- C'était le temps de L'Algérie Française", le 12ème Chasseurs d'Afrique arrivant de Meknès s'est installé à l'été 1958 dans le secteur de M'Sila, déployant ses escadrons...dans des quartiers de pacification. Le 2ème escadron du Capitaine ROLAND est placé au quartier de Dréat, comprenant les "douars" : Dalaa, Kerabcha et Dréat. Le djebel Mansourah (1880m) culmine dans le Dréat, alors que les douars Kerabcha et Dalaa avec le Kef El Assel, le Djedoud, s'étendent vers la zone présaharienne.
Le 2ème escadron était le seul escadron de chars du Régiment. Chars M24 Chaffee. Il était célèbre...car lors de la création du Régiment en 1943...venant du Sénégal...il avait été envoyé seul en Tunisie, aux ordres du Capitaine André GRIBIUS, avec ses chars "Somua" pour reprendre le combat contre les Allemands. Il avait reçu la reddition du général ARNIM.
Arrivant en janvier 1959, je trouvais l'escadron groupé au Hammam (village autour de bains chauds Romains et Turcs), les pelotons logés dans les mechtas, avec une Harka et une auto-défense en formation, une SAS en construction. L'ambiance était sévère, la population des quartiers restait terrorisée...par des bandes d'égorgeurs et de racketteurs (armés et formés dans les pays de l'Est), venant de Tunisie et utilisant les zones montagneuses de la Région...comme lieux de stationnement et de relais...vers Alger et Oran. Elle restait traumatisée par les massacres de Mélouza (à 10 Km) en 1957 (320 habitants égorgés) et par le massacre du Peloton DUBOST du 8ème Spahis, à la maison forestière de Lahourane (3 km du Hammam), quelques mois avant l'arrivée de l'escadron.
Le Colonel du CHÉNÉ, commandant le Régiment et le Secteur de M'Sila, me fixa la mission de "Pacification", protection de la population, protection des chantiers de l'oléoduc Hassi Messaoud-Bougie, qui, tout au long de l'année 1959, traverseront mon quartier du Sud vers le Nord-Ouest, jusqu'au col du Selatna. Alors, pendant vingt huit mois, nous avons travaillé ! Construction d'un Bordj au Hammam, base solide avec chambre, magasin, atelier, cuisines, réfectoire, sanitaires, eau, électricité etc...Construction d'une piste pour avions légers, pour communications, évacuations, construction de pistes, de puits avec l'aide d'unités du Génie ! Coopération excellente avec un remarquable officier SAS, le Capitaine MOUTIERS installé au Hammam avec un Marzen pour l'administration de la population. Sorties tous les jours et toutes les nuits...à pieds, en chars, en voitures, embuscades, patrouilles, implantation de 4 postes : Dar kébira, Bir Mandi, Dokkara, Ferme Leu. Pacification de la population avec 3 harkas, 4 autodéfenses. Assistance médicale gratuite avec un remarquable Médecin Aspirant et une équipe d'infirmières de jeunes musulmanes du Quartier. Création d'une école avec le MDL OUALID et du "Club sportif de l'Amitié du Hammam" CSAH, regroupant enfants et adolescents, avec l'appui d'une association Versaillaises "Amis des Ecoles d'Algérie". Après le dur combat de la "Maison de Pierres" sur les hauteurs du Djebel Mansoura en mars 1959, où, avec les chars du Peloton DROGUET, les Harkas, une compagnie des GMS de M'Sila, nous avons détruit une Katiba de passage, le Quartier était évité et contourné...par les grosses bandes rebelles!!! Je dois mentionner la qualité des personnels de ce deuxième escadron ! et de l'ambiance qui y a régné dans cette période difficile de "Maintien de l'Ordre" ! L'encadrement officiers d'active et de réserve (Aspirants) sous-officiers d'active et appelés, chasseurs étaient animés du désir de vaincre et fièrs d'appartenir à leur Unité ! La cohésion de l'escadron l'a fait désigner, en avril 1961, pour une mission difficile de Maintien de l'Ordre..à Alger, lors des évènements que l'on connait! La fière devise du Régiment: "Audace n'est pas déraison", la devise de ma promotion de St Cyr: "J'obéis d'Amitié". "La discipline qui vient du coeur" devise du Général FRERE et de LYAUTEY. Une autre devise de LYAUTEY : "La joie de l'âme est dans l'action"...ont guidé nos actions. Et puis aussi la chanson de la 2ème D.B. "Jamais ils ne s'attardent...la Victoire n'attend pas" !
Cinquante ans après, je rends hommage à tous ceux du 2ème escadron de cette époque, à tous les Français Musulmans, à nos côtés "Jambe del Jambe" ! Ils ont, comme tous les soldats d'Algérie à cette époque, appliqué le premier couplet de notre " MARSEILLAISE" "Entendez-vous dans nos campagne... Ils viennent jusque dans nos bras"..."Aux Armes Citoyens !!".
Chasseur Pierre d'HUMIERES - Classe 58 1/C - 2ème escadron.
A la gare de Bordj Bou Arreridj, nous fûmes attendus par nos frères d'arme. Ils voyaient en nous une relève, certes, mais aussi une équipe de bleus B.A.P., comme toujours un peu méprisables. Bref, nous étions prêts à tout, mais ce n'était pas eux qui nous faisaient peur. Nous grimpâmes dans les camions Simca à cabine avancée, un regard inquiet, scrutant le paysage. A cet instant, je réalisais que j'étais en uniforme, mais que je n'avais même pas un pistolet à bouchon dans la poche, et donc, qu'en cas d'embuscade, nous ferions des cibles idéales pour les fells. S'il y avait des tirs, il ne me resterait qu'à me faire tout petit, à me protéger de façon dérisoire en mettant mon paquetage dans la direction des agresseurs et, si l'occasion s'en présentait, à me précipiter sur la première arme laissée par le premier touché.
Mais, notre convoi de « bleus » arriva sans encombre dans la petite ville de M'Sila où nous débarquâmes au PC du régiment. Pour moi, ce fut juste le temps d'une courte pose car je fus affecté au 2éme Escadron, en plein bled, avec quelques autres. On nous y conduisit donc bientôt par une piste cahotante, entourée d'un paysage sauvage, presque lunaire, coupé par quelques oueds à sec et talwegs inquiétants. Je trouvai la vue assez sinistre et la topographie idéale pour nous tendre des embuscades faciles et meurtrières. A l'arrivée, descente des véhicules avec bagages puis mise en rangs par le sous-off qui nous commandait pour présentation du nouveau contingent. Il s'agissait d'un cantonnement basique avec des tentes et seulement quelques constructions en dur empruntées visiblement à un ancien douar, le tout entouré de petites montagnes qui forment comme un cirque.
Le 2ème Escadron avait une dizaine de chars moyens- légers M24 bien disposés et pointant les 360 degrés, ainsi que des half-tracks, le tout correctement réparti dans une position qui ne pouvait que très difficilement être enlevée par les rebelles, sauf, peut-être, par une excellente coordination d'actions commandos de nuit.
Pendant le quartier libre qui suivit un repas rapide, les anciens nous montèrent une revue de paquetage « bidon » dans l'une des tentes. Certains avaient des barrettes d'officiers et nous y croyions tous jusqu'à ce qu'après leur départ, les autres, ceux qui étaient restés, éclatèrent de rire et se réjouirent de la bonne blague. Les barrettes étaient « empruntées » ! Tout cela resta strictement entre nous et brisa rapidement la glace. Etais-je un privilégié ? Bientôt, on me présenta à mon supérieur direct, le MDL PERNET qui était responsable de l'administration. J'allais travailler pour lui et contribuer à la tenue des états, des dotations etc. Cela comprenait aussi que j'allais coucher, non sous une des tentes mais seul, dans une mechta délabrée dont une pièce mal fermée servait de bureau et dans laquelle donnait aussi celle de mon chef. Non loin de là se trouvait la mechta du capitaine Roland qui commandait le 2ème Escadron. Sur un tremplin artificiel, juste à quelques mètres du coin couchage qui m'était assignée dans le bureau, se trouvait un vieux M4 Sherman, plus ou moins H.S., mais transformé en obusier statique et dont le canon de 75 servait d'appui-feu de temps en temps. C'était presque toujours la nuit qu'on l'utilisait et l'onde de choc des départs ébranlait la toiture dont le torchis me tombait dessus quand j'étais couché.
Je n'appartenais à aucun peloton armé et ne suivais donc pas les opérations, mais, ce n'était pas le cas pour les patrouilles de nuit que je faisais de temps en temps avec un adjudant super. Il avait remarqué qu'à l'entraînement au tir, je faisais souvent des cartons avec mon USM1. Il choisissait ses hommes et nous partions la nuit tendre des embuscades, fouiller des maisons et des granges abandonnées, bref, les éventuelles planques des fells. Je lui faisais une confiance aveugle et je ne détestais pas sortir avec lui. On sentait tout de suite qu'il savait de quoi il parlait, qu'il était expérimenté et connaissait le terrain aussi bien si ce n'est mieux que les indigènes. Avant de partir, il commençait par vérifier si, comme il l'exigeait, nous n'avions effectivement rien oublié dans nos poches, rien qui puisse faire du bruit en tombant ou provoquer un reflet de lumière dans l'ombre de la nuit, il regardait bien si nous avions seulement un casque léger sur la tête, pas de casque lourd, pas de gourmette, ni de chaines visibles, mais des chaussures silencieuses. Surtout pas de cigarette et encore moins d'allumette sur nous et pas même un mouchoir. Puis, nous partions à 8 ou 9, dans un silence total, en file indienne espacée, cherchant le couvert des ombres, arrêtant souvent la progression pour écouter attentivement le moindre bruit suspect, gardant en tête les consignes reçues au cas où nous tomberions nous mêmes dans une embuscade. Si nous n'avons jamais eu de contact sérieux avec des fells pendant les patrouilles auxquelles j'ai participé, je me souviens tout de même d'y avoir eu une belle frousse un soir, tard. Le Sherman obusier tirait en appui-feu à 6 ou 8 kms. On entendait les départs puis peu après le passage vrombissant des « pélots » juste au dessus de nos têtes, suivi bientôt des explosions à l'impact. Sans doute étions-nous à seulement 3 ou 4 petits Kms au Nord-Ouest du Hammam Dalaa. Je ne connaissais pas l'endroit et il faisait déjà nuit.
Une petite mechta à priori délabrée et abandonnée, composée de deux constructions, se profilait dans l'ombre et semblait abandonnée. Après un demi-encerclement discret, tandis que les autres nous couvraient, j'ai été désigné avec un de mes camarades pour aller ouvrir la porte que l'on devinait déjà, peu solide et mal jointe, même dans l'obscurité. C'était mon tour de passer le premier, ce que j'ai fais avec une certaine appréhension. L'arme à la taille, le doigt sur la gâchette, je me suis avancé en retenant mon souffle puis, j'ai donné à la porte toute proche un violent coup de pied. Cette porte s'est ouverte brutalement et j'ai fait en même temps un saut de côté, pour me protéger, prêt à tirer sur qui sortirait sans lever les bras. Il faisait totalement noir dans cette mechta et je n'avais eu qu'une fraction de seconde pour y jeter un simple coup d'oeil, juste avant de me mettre à l'abri. Aucun bruit, aucun mouvement à l'intérieur que l'on puisse déceler. C'est alors que j'ai entendu un bruit suspect à l'intérieur, tout près, contre la porte à moitié refermée puis une forme a foncé en me frôlant. Je n'ai pas tiré, mais cela a été limite; en fait, une chèvre affolée venait de se manifester. Cinq minutes m'ont été nécessaires pour que je retrouve ma sérénité car pendant une fraction de seconde, j'ai bien cru que nous allions participer, et de nuit, à un combat très rapproché...
Vu de ma place au 2ème Escadron, si l'activité des fellagas était peu perceptible le jour, hors de quelques opérations et à part quelques actions isolées, il n'en était pas de même la nuit. Notre position était assez fréquemment harcelée par des groupes mobiles qui venaient faire le coup de feu. Bien entendu, la réplique était massive et énergique. Chacun à son poste faisait son travail et suivant les besoins, le commandement engageait quelques chars et quelques half-tracks. Le MDL PERNET, où même le Capitaine ROLLAND, me dirigeaient alors éventuellement vers le mirador, comme renfort à la sentinelle.
Il y avait là un projecteur doublé d'une mitrailleuse de 50 et nous y étions dans ces moments là deux ou trois, ce qui n'était pas de trop. Cependant, un soir vers 10h30, je crois, nous sommes mis en alerte par des coups de feu assez nourris qui avaient commencé du coté de la SAS voisine. La sentinelle utilisa son projecteur pour tenter de localiser les assaillants. Je sortis de mon gourbi avec ma carabine US et mes chargeurs et j'entendis le capitaine Roland qui battait le branle-bas de combat en criant « Alerte!..Alerte !... ». Je n'avais que trois enjambées à faire pour le rejoindre et il me donna l'ordre de monter au mirador. Dans la précipitation, je retins qu'il me donna également ordre de faire éteindre le projecteur. Craignait-il que celui-ci serve de repère pour d'éventuels tirs de mortier ? Ou que la sentinelle ne se fasse descendre trop facilement? Je ne sais. Autour, on courait dans tous les sens. Les chefs de pelotons retrouvèrent tant bien que mal leurs hommes. Déjà, le capitaine ROLLAND, en pyjama, grimpait sur un char M24 qui commençait à rouler avec deux ou trois autres blindés. Je me préparai tout juste à grimper à l'échelle verticale qui conduisait à la plateforme du mirador. Ca tiraillait maintenant dans tous les coins et j'entendais très bien nos mitrailleuses lourdes crépiter par longues rafales saccadées. Au moment précis où je mettais le pied sur le 2ème barreau de l'échelle, une rafale me passa juste au-dessus et, glacé d'effroi, je restai cloué sur place ! Je sentais mes jambes, mais ma volonté de les faire bouger était totalement paralysée. Celui qui a tiré semblait être tout près, à quelques mètres derrière moi. Visiblement, c'était seulement un jeune bleu qui faisait n'importe quoi, qui paniquait encore plus que moi. Le bleu en question, semblerait-il, serait parti se planquer avec quelques autres, jusqu'à la fin de l'accrochage. J'ai parfaitement compris sa réaction et ne lui en ai pas voulu d'avoir failli me tuer. Pourtant, il n'y avait strictement aucun fell dans notre cantonnement, et, encore une fois, notre supériorité était écrasante. Le danger n'était pas au bout du canon de son PM Thompson et ses balles de 11,43 qui auraient pu me transformer en passoire. Donc, exécutant les ordres, après avoir respiré à fond une bonne minute, je repris l'échelle et je transmis à la sentinelle l'ordre du capitaine d'éteindre, sentinelle qui feignit de ne pas me comprendre et qui continua à bien balayer les environs de son projecteur. Il est vrai que je n'étais que 2ème classe, et même seulement « service auxiliaire » donc, il ne me crut pas. A ce moment, je pensais voir très brièvement dans le faisceau de lumière qui balayait nerveusement le voisinage, un peu avant le nouveau bordj en construction, une ombre accroupie. Je signalai cela à la sentinelle qui m'entendit cette fois, malgré les nombreux tirs et le spectacle des traçantes à tirs tendus des mitrailleuses des chars qui progressaient en balayant vers l'oued et dont les paires de moteurs Cadillac V8 ronflaient à l'unisson. Je pointai du doigt l'endroit repéré et armai ma carabine US. La sentinelle revint en arrière avec son faisceau lumineux au moment même où la forme repérée se redressa sur le bord d'une sorte de talus. Je visai puis tirai avec une correction au jugé et une demi seconde après, je vis la silhouette s'immobiliser net avant de basculer de l'autre côté du talus. Tout à été très vite. Le MDL PERNET est arrivé peu après, sans doute ayant entendu mon coup de feu d'en bas. Je lui expliquai: il transmit sur le champ, par radio, l'information pour les patrouilles de blindés qui ratissaient autour du cantonnement et précisait qu'un fell semblait être touché, devant le bordj en construction, ajoutant aussi qu'il n'y était probablement pas seul. Je ne sus jamais la suite exacte de cette action.
Si nous mangions très bien, j'avais quand même perdu plus de 15 kg et je me sentais presque à bout de force. Le médecin-Capitaine s'en rendit compte et je le lui confirmai. Il attendit quelques semaines pour voir si je remontais la pente mais comme ce n'était pas le cas, il m'expédia à l'hôpital militaire de Constantine (Je saurai plus tard, que c'était contraire à la volonté du Capitaine ROLLAND, mais là, c'était le médecin qui décidait pour les questions sanitaires) et je ne revins plus au 12ème R.C.A..
MDL Claude LACOURT. classe 61 1/A. P.H.R :
Après mes quatre mois de classes au Lido, je suis désigné pour le 12ème régiment de Chasseurs d’Afrique. Aussitôt nous cherchons ceux qui ont la même affectation, et nous nous renseignons sur la région où est implanté ce régiment.
Le train s’ébranle, brillant dans la nuit, tiré par deux fortes locomotives diesels, majestueuses, précédées par deux wagons remplis de sable. On nous explique que c’est pour les mines au cas où la voie ferrée serait piégée. Nous arrivons en Kabylie, le paysage est splendide : des ravins, des sommets boisés, des blockhaus d’où les militaires surveillent la voie et tentent de repérer des terroristes qui voudraient la saboter. Nous arrivons en gare de Bordj Bou Arreridj : le premier édifice est un énorme silo à grain ; le 6ème régiment de Spahis à son cimetière de véhicules à proximité. Des sous-officiers nous attendent sur le quai et nous dirigent vers des camions.
Le convoi circule rapidement, nous nous enfonçons vers le sud. La chaleur devient plus étouffante. La descente sinueuse est impressionnante dans ces monts du Hodna et des Maadids, contreforts de l’Aurès. Nous arrivons en vue du barrage du Ksob, véritable lac artificiel qui envoie l’eau dans les palmeraies de M’Sila. Enfin, voilà les abords de la ville de M’Sila. Une usine de fabrication d’élément de conduite d’eau borde la route. L’entrée de la ville est une ligne droite bordée de grands arbres formant un tunnel. Une sentinelle en grande tenue régule la circulation à l’entrée de la propriété qui abrite les services administratifs du régiment. Après être passé par l’infirmerie, le magasin d’habillement, je suis affecté au 2ème escadron comme pilote de chars.
Après avoir parcouru des kilomètres de pistes cahoteuses et traversé des villages dont les mechtas sont alignées scrupuleusement, il s’agit de regroupements organisés en fonction des évènements. Soudain, au sommet d’un mamelon se découpe le Bordj du Hammam Delaa, drapeau flottant fièrement au dessus de ses murs. Aux abords, un lotissement de maisons arabes neuves et inhabitées, construites en matériaux durs. Plus loin, une école moderne préfabriquée, aux couleurs gaies, avec de grandes baies vitrées. Elle possède une petite cour propre où s’ébattent des enfants musulmans. L’instituteur vient de France et se trouve à quarante kilomètres de la ville dans laquelle il n'existe qu'un seul médecin et une pharmacie pour un rayon de soixante dix kilomètres.
Nous découvrons l’intérieur du bordj : un mirador à chaque coin dont seul le plus haut est occupé par une sentinelle. Au centre de l’enceinte, le mat des couleurs est planté sur un socle blanc entouré d’un parterre de fleurs maigres. Devant la chambre et le bureau du capitaine, un grand parterre rectangulaire bordé de cailloux et de fleurs avec, en son centre, une croix de Lorraine, le nom du chef de l’escadron, est un véritable chef-d’œuvre dans cette aridité où il n’y a pas de végétation en dehors de quelques cactus. Le fort est brûlé par le soleil, l’ordre et la propreté règnent : pas un mégot, pas un papier, pas un chiffon ne jonche le sol.
Extraits du livre « La guerre d’Algérie en petite Kabylie » de Claude LACOURT. Editions Bénévent. 2007.
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S/Lieutenant GASTAULT -1959 - 2ème Escadron
Jeune Officier de réserve, je suis affecté au 12ème RCA le 1er août 1959, puis au 2ème Escadron, et enfin au 1er Peloton où je prends les consignes de l'Adjudant Chef DROGUET, et en charge "Charlie" notre bourricot amateur de bière que j'échangerai quelques mois plus tard contre dix sacs de ciment. Le poste est encore en majorité sous toile. Ce sera une vie très active entre patrouilles, construction du poste, action sociale, sanitaire, montée en puissance de la Harka, éducation avec une école primaire, tout cela avec des appelés formidables. Quelques accrochages aussi, des battues au sanglier, au FM, à la demande des fellahs. Tout cela fut notre vie au quotidien et laissera des souvenirs impérissables, car c'était nos 20 ans !
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MDL Michel MESMOUDI - Classe 54 2/B -
01/07/1954 Incorporé au 12ème RCA. Chef de Corps LCL BEAUMONT. Affecté au 2ème Escadron commandé par le Capitaine GUEVILLE. Chef de Peloton Instruction, le S/Lieutenant LEMAIRE. Je rejoins le 1er Peloton commandé par un Officier polytechnicien (?). Peloton commandé ensuite par le S/Lieutenant VIETTO, séminariste.
01/1955 Peloton de Brigadier commandé par l'Adjudant/Chef FRAYARD et le MDL/Chef SALLE du 1er Escadron du Capitaine LERE.
08/02/1955 Nomination Brigadier, affecté à l'ECS du Capitaine MESSAGER
28/12/1855 Nomination Brigadier/Chef.
28/12/1955 Peloton CIA
01/07/1956 Nomination MDL, affecté à l'ECS comme gérant du mess des S/Officiers.
01/07/1957 Muté au 2ème Escadron commandé par le Capitaine PUJO, Peloton Adjudant/Chef DROGUET
09/05/1958 Embarquement à Casablanca avec les chars M24, sur le bateau "Athos II"
12/05/1958 Débarquement à Alger. Je rejoins M'Sila, puis le Hammam Dalaa commandé par le Capitaine ROLLAND. Pendant deux mois, l'Escadron a combattu, poursuivi, rejeté les rebelles de la zone du Dréat en direction des montagnes de Dar Kebira. Avec l'Adjudant/Chef DROGUET avons mis en place un poste, developpé, construit tout particulièrement par le Peloton de l'Adjudant/Chef VERNER.
Pendant les deux ans suivants, au cous desquels j'ai été nommé MDL/Chef, nous sommes intervenus avec le Lieutenant GELAS et l'Adjudant/Chef DROGUET: En direction de Melouza, de Dar Kebira, de Dokkara, de la ferme Leu, du Djebel Mansourah.
01/07/1960 Je suis muté au 501ème RCC à Rambouillet.
En 1961, ma demande de revenir au 12ème RCA n'est pas acceptée.
Voici un résumé chronologique de mon parcours au 12ème RCA.
Janvier 1963, arrivée à Aïn-Arnat depuis Marseille (CIABT de Carpiagne). Départ dès le lendemain^pour le peloton CA1 à Bougie.
Janvier & février 1963, Peloton CA1 à Bougie, à coté de l'Aéroclub qui servait de terrain à l'ALAT.
Mars 1963, retour au 2ème Escadron qui s'est installé entre temps à la ferme des Sablons à Philippeville.
Mai 1963, Visite des ruines romaines de Timgad avec le S/Lieutenant HENRY.
Mai 1963, Séance de tir au Djebel Koursi, les chars étant acheminés sur porte chars.
Septembre 1963, transfert de l'Escadron à Bougie au camp de la Plaine, les Half-tracks et les camions par la route.
Fin octobre 1963, embarquement de l'Escadron sur le bâtiment de débarquement "la Bidassoa" pour Marseille. Transfert par train jusqu'à Sissonne. Novembre 1963, dissolution du Régiment à Sissonne.
Octobre 1959, poste de Dokkara, 1er Peloton du 2éme Escadron. Sortie de jour risquée à trois en djellaba, le MDLChef BERTIN, le tireur FM PONS et le Brigadier PRIOUZEAU, partis de la ferme Leu en direction Dokkara par les oueds pour repérer les choufs en prévision d’un bouclage d’envergure. Patrouille sans problème.
19 novembre 1959, sortie de nuit à 6 hommes sous les ordres du S/Lieutenant GASTAULT dans le secteur Kébour Rahmane. Accrochage aux abords d’un douar abandonné, 2 rebelles abattus plus un blessé grave qui mourra le lendemain malgré les soins de l’Aspirant médecin SOULIE, 3 ou 4 autres rebelles réussissent à s’enfuir malgré la fusillade. On récupère 3 fusils de guerre 303, aucun blessé parmi nous.
14 décembre 1959, avec le S/Lieutenant GASTAULT, suite à un renseignement par radio de l’Escadron, on planque près d’un douar entre Dokkara et le Hammam Dalla, arrestation d’un commissaire politique et d’un autre individu, récupération de documents et de l’argent. Les 2 hommes sont emmenés à l’Escadron pour interrogatoire.
16 mars 1960, patrouille de jour, 6 chasseurs avec le Chef BERTIN au douar l’El Alleg. Accrochage avec un petit groupe de rebelles. Le Chef BERTIN est atteint d’une balle dans l’aine en entrant dans la mechta, une fusillade s’en suit, 3 rebelles sont abattus, le quatrième réussira à s’enfuir malgré une poursuite acharnée. Il sera retrouvé quelques jours plus tard mourant au fond d’une cache 2 kilomètres plus loin, Le Chef BERTIN est soigné et mis à l’abri en attendant l’arrivée de l’hélicoptère pour son transfert à l’hôpital.
24 octobre 1960, patrouille de nuit dans le secteur du Djédoug. La Harka 707 de Dokkara commandée par le MDL ROSIUS accompagnée du tireur FM René PONS du 1er Peloton, qui sera blessé d’un coup de chevrotines dans un genou. Au cours de l’accrochage, un rebelle sera abattu et reconnu comme étant l’égorgeur du Secteur, une entaille était faite pour chacune de ses victimes sur le manche de son bousaadi.
J’ai dans ma tête bien d’autres souvenirs, mais les années passantes, les dates et les détails sont un peu disparus de ma mémoire.
PERSONNAGES DU 2ème ESCADRON :